Fahrenheit 451 Ray Bradbury

Par Didier Debroux - 17 novembre 2016

Ce livre est une claque! Un pur chef-d’oeuvre d’anticipation qui résonne dans le présent comme une étrange prédiction…

451 degrés Fahrenheit représentent la température à laquelle un livre s’enflamme et se consume. Dans cette société future où la lecture, source de questionnement et de réflexion, est considérée comme un acte antisocial, un corps spécial de pompiers est chargé de brûler tous les livres, dont la détention est interdite pour le bien collectif. Montag, le pompier pyromane, se met pourtant à rêver d’un monde différent, qui ne bannirait pas la littérature et l’imaginaire au profit d’un bonheur immédiatement consommable. Il devient dès lors un dangereux criminel, impitoyablement poursuivi par une société qui désavoue son passé.

Publié en 1953, voici donc un livre qui demeure incroyablement contemporain. Nous sommes projetés dans un monde où l’amour semble chose oubliée. Un monde de guerres larvées entre grandes puissances, de course aux armements, de peur du nucléaire, d’hommes déracinés. Une société où la violence demeure le seul exutoire au mal de vivre, composée de banlieues anonymes, de délinquance, où le progès ne sert plus le bonheur. Un monde où règne l’impérialisme des médias, où le décervelage est érigé en veau d’or.

«Il y a plus d’une façon de brûler un livre», mais la plus radicale consiste à rendre le peuple incapable de lire par atrophie de tout intérêt pour la chose littéraire, paresse mentale ou simple désinformation. Et Jean d’Ormesson de rejoindre Bradbury: « Aujourd’hui, on ne brûle pas encore les livres, mais on les étouffe sous le silence. Ce ne sont pas les livres d’adversaires, ce ne sont pas les idées séditieuses que l’on condamne au bûcher de l’oubli : ce sont tous les livres et toutes les idées. Et pourquoi les condamne-t-on? Pour la raison la plus simple : parce qu’ils n’attirent pas assez de public, parce qu’ils n’entraînent pas assez de publicité, parce qu’ils ne rapportent pas assez d’argent. La dictature de l’audimat, c’est la dictature de l’argent. C’est l’argent contre la culture ».

Un roman d’anticipation qui résonne dans notre siècle comme un fable sombre. Fahrenheit 451 se dévore comme un thriller. A lire de toute urgence. Bref, un régal!

Première parution française 1955
 

Retrouvez ce roman sur le site de l’éditeur Folio S-F

DES LIVRES QUI POURRAIENT VOUS PLAIRe...

Les enfants verts | Olga Tokarczuk

Délicieuse découverte que ce petit livre vert. Olga Togarczuk, romancière polonaise lauréate du Prix Nobel, dévoile avec une apparente simplicité ce conte philosophique se déroulant au 17ème siècle, prétexte à...

Lire

Retour à Lemberg | Philippe Sands

C'est une époustouflante enquête que livre Philippe Sands dans ce livre puissant où d'une ville, de destins, l'auteur découvre son histoire pour conter celle de qui s'écrit avec une majuscule.

Lire

Home | Toni Morrison

« Home » est en apparence le récit d’un homme qui, de retour de la guerre, traverse les États-Unis pour rentrer chez lui. Derrière la simplicité trompeuse de l’histoire, Toni...

Lire

L’aliéniste | J.-M. Machado de Assis

"Si le passé n'éclaire le présent, l'esprit marche dans les ténébres", écrit Tocqueville. Et d'aucun d'y puiser une vision du futur qui anticipe la réalité à venir. C'est tout le...

Lire

Mélodie de Vienne | Ernst Lothar

En voilà une saga passionnante. Un Downtown Abbey made in Vienne. "Mélodie de Vienne" conte avec brio le destin mouvementé de la famille Alt qui suivra les soubresauts de l’Histoire...

Lire

L’infinie patience des oiseaux | David Malouf

Grâce à son écriture précise, sensible, et à travers ses descriptions colorées, follement poétiques, on suit avec bonheur David Malouf dans les grandes étendues australiennes. Et lorsque l’auteur nous embarque...

Lire

Les frères Lehman | Stefano Massini

Voici un livre vertigineux qui conte, sous forme d'un chant, inspiré des longs poèmes en prose des classiques grecs (Homère,...), deux cents ans d'Histoire. Celle d'une famille d'affairistes et, en...

Lire