Comment construire une cathédrale Mark Greene
Par Didier Debroux - 8 octobre 2016
Souvent, la réalité révèle des personnages flamboyants, grandioses, beaux comme Edmond Dantès ou Cyrano. Et c’est de ce regard que Mark Greene extrait la substance de son récit « Comment construire une cathédrale » ou l’histoire de Justo Gallego, Don Quichotte des temps modernes…
Justo, 90 ans aujourd’hui, est né dans la banlieue de Madrid. Il y a 55 ans, l’homme décide de se lancer dans un projet qui, aux yeux de beaucoup, peut sembler fou et vain. Novice dans un monastère, il en fut « expulsé » pour cause de tuberculose. Il parvint à guérir et fit alors le vœu d’honorer la Vierge à sa façon en construisant, sur un petit lopin de terre une… cathédrale, seul, de ses mains, avec du matériel de récupération. Il ne connaissait rien, ni en architecture ni en maçonnerie. Il avait consulté des ouvrages traitant du sujet. point. Un autodidacte complet.
Nous somme donc en octobre 1961, lorsque le jour de la célébration de la Vierge du Pilar, Justo donne le premier coup de pelle afin de creuser les fondations de son oeuvre. L’homme appartient à un monde aujourd’hui révolu, celui de la vieille Espagne, celle d’avant l’Europe. Conduit par son intuition, il poursuit depuis cinq décennies un projet qui jamais n’aura de fin, sans plan, guidé par sa foi. Et de son travail quotidien, Justo donne une leçon au monde contemporain déjà tellement fixé sur des schémas structurés, où le temps consacré aux choses ne cesse de se réduire… Lui s’inscrit dans l’infini, dans l’éternel. Il se confronte à ses rêves. Et c’est d’ailleurs tout le sujet de ce récit: la confrontation à nos rêves, à nos croyances, à nos certitudes. Empreint des notions de possession, d’héritage, de légation, l’homme en devient calculateur, concentré sur lui-même, compteur tel un Philistin. Il en oublie la notion d’aventure, l’importance de faire de sa vie une oeuvre, fût-elle… éphémère.
Nonante pages de pur plaisir, de poésie, d’interrogation qui se lisent d’une traite et sur lesquelles on revient sans cesse. Bref un régal!
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