LA PETITE SONNEUSE DE CLOCHES JEROME ATTAL
Par Didier Debroux - 8 novembre 2019
«J’écris pour trouver la meilleure part de moi-même»
Poétique, enchanteur, romantique, le dernier roman de Jerôme Attal, «La petite sonneuse de cloches», s’inscrit dans la quête incessante de l’auteur: «créer un monde où la magie opère».
L’histoire ? Nous sommes en 1793. Paris résonne encore des cris de la révolution et le jeune Chateaubriand poursuit, Outre-Manche, son rêve de devenir écrivain. Sans le sous, il erre dans un Londres populaire. Un soir, il se retrouve enfermé dans l’abbaye de Westminster. Au petit matin, un furtif baiser le réveille. Il ne l’oubliera jamais. L’auteure de cette délicatesse? Une jeune fille venue sonner les cloches de l’abbaye…
Nous sommes aujourd’hui. Un professeur de littérature laisse à son fils, en héritage, un manuscrit inachevé sur les amours de l’écrivain. Avec une question: qui est la sonneuse de cloches? Le jeune homme se met alors en quête d’une réponse. Ce sont ces deux histoires entrelacées que conte Jerôme Attal, explorant tant les fantasmes du Grand écrivain que son propre désir.
La plume se veut légère, subtile, pour tenter de comprendre quelles sont ces histoires d’amour qui brûlent les livres et le coeur des écrivains.
Interview
D’où vient cette passion pour l’Angleterre ?
«J’aime toute l’Angleterre: des villes aux campagnes, des buildings aux cottages. J’adore ce mélange de classicisme et de modernité. Surtout, je respecte l’esprit de liberté qui anime cette île».
Vous êtes un éternel romantique. Que chercher vous dans cette vision du monde que vous ne trouvez pas dans la réalité ?
«J’ai un regard décalé sur la société et le projet qu’elle nous propose: violent et consumériste. En cela, je suis proche de Chateaubriand. En 1793, il y eut une double révolution: française, philosophique et sociale; romantique avec l’arrivée de Victor Hugo, Goethe… Je suis plus sensible à leur façon d’appréhender le monde qu’à celle de Laclos et du libre échangisme.»
Quelle a été votre première émotion romantique ?
«La grâce des filles».
Comment avez-vous rencontré la littérature ?
«Jusqu’à mes 18 ans, j’ai très peu lu. Ensuite, je suis venu étudier à Paris. J’étais seul et les livres sont devenus de précieux compagnons. Je suis adepte du Tsundoku, ce concept japonais qui consiste à acheter des livres, même si on ne les lit pas, parce qu’ils protègent. La vie est souvent triste et décevante. J’aime que mes livres contiennent une vitalité protectrice».
En quoi l’écriture a-t-elle transformé votre vie ?
«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours écrit. Enfant unique et solitaire, je me racontais des histoires, je m’inventais des vies. L’écriture est un espace privilégié entre le monde réel et ce que je suis. Ecrire permet de réduire la distance entre nos espoirs et la réalité».
Ecrivez-vous pour comprendre le monde ou vous comprendre vous-même ?
«J’écris pour créer un univers dans lequel je trouve la meilleure part de moi-même».
Les auteurs qui vous ont marqué ?
«Salinger, Fitzgerald, Duras. Je partage avec Salinger, le problème de la confrontation à la réalité; avec Fitzgerald, la quête de l’amour; avec Duras, la passion du coup de foudre».
Qu’avez-vous découvert de Chateaubriand qui vous accompagne aujourd’hui encore ?
«Le Chateaubriand que j’aime, c’est le jeune homme de 25 ans qui rêve d’écriture et d’amour. Un rêveur qui se trouve démuni dans une période de profondes mutations».
Donc, un peu vous-même…
«Oui, c’est vrai. J’ai gardé de l’enfance une grande sensibilité, une forme de distance par rapport aux êtres et aux événements. Surtout, comme lui, c’est le désir qui me guide».
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