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LireL’heure des oiseaux Maud Simonnot
Par Dominique de Poucques - 25 octobre 2022
Le sujet est hélas connu et a souvent été traité, en littérature comme au cinéma. Entre nos pages, les chroniques liées au dernier ouvrage de Véronique Olmi ou à la plume de Claire Keegan faisaient état de faits similaires. La maltraitance des enfants placés en institution scolaire ou religieuse a fait couler beaucoup d’encre et tourner beaucoup de pellicule. Maud Simonnot ajoute à ce thème ceux de la filiation, la transmission et la question du genre.
C’est bien évidemment le silence qui prend toute la place dans l’enquête que mène cette jeune femme se rendant sur l’île de Jersey trente-cinq ans après la fermeture de son lugubre orphelinat. Silence obstiné des habitants de l’île, qui ne pouvaient pourtant ignorer au moins une partie de ce qu’il s’y passait. Silence de son père, adopté très jeune et luttant depuis toujours pour accéder aux souvenirs prisonniers de son esprit, et comprendre qui était cette fille un peu plus âgée que lui, qui l’aimait et le protégeait dans cet environnement tellement hostile, et dont il se rappelle seulement le prénom. La violence était partout, de l’intendance jusqu’à la direction, l’humiliation constante, le danger toujours présent. Le seul bonheur des deux très jeunes enfants se trouve dans l’observation et l’écoute des oiseaux, innombrables sur l’île. Martinet, mésanges, rouge-gorge, Lily leur parle et les comprend. La proximité avec la nature, qu’elle s’offre lors de ses escapades secrètes et défendues, et sa rencontre avec un ermite victime comme elle de la violence des hommes, lui permettent de tenir. « La fillette, comme chaque fois que son corps déborde de chagrin, fuit pour retrouver les grands arbres et l’ermite qui, dès son arrivée, l’interroge sur ces marques au cou et aux bras. Lily enfin se confie… Son ami caresse la tête brune de sa paume rugueuse et murmure qu’elle possède des richesses que personne ne pourra lui dérober : sa liberté de penser et l’enchantement procuré par la nature ».
Maud Simonnot traite le sujet avec délicatesse, d’une écriture franche et belle. Alternant les chapitres relatant les faits et l’enquête de la narratrice survenant soixante ans plus tard, elle fait de la nature un personnage à part entière : consolatrice pour les enfants à travers le chant de printemps des oiseaux ou déprimante ; froide et blanche au cours de l’hiver relaté six décennies plus tard.
L’histoire est basée sur des faits réels et glaçants ; le tout dégage une impression de beauté teintée de tristesse.
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